« C'est sur l'échantillon de la vieille corde qu'on en tisse une nouvelle. Je connaissais ce proverbe quand j'étais petit. Je commence maintenant à en comprendre la portée. » - El Anatsui Au milieu du vingtième siècle, les nations africaines initient une demande collective pour la fin de l'hégémonisme européen. A la suite, on observe un transfert du pouvoir qui mènera progressivement aux indépendances ainsi qu’à une nouvelle vision africaine puisant dans les racines historiques afin de forger l'identité postcoloniale du continent. Dans la lignée des leaders et des intellectuels de l’époque, les écoles d’art mettent en place un nouvel enseignement émancipé des techniques apprises en Europe. Dans la lignée de l’enseignement de Uche Okeke et de la Zaria Art Society, El Anatsui, jeune diplômé de l'université des sciences et technologies Kwame Nkrumah de Kumasi au Ghana, devenu professeur à l'université de Nsukka au Nigéria en 1975 incite ses étudiants à observer leur environnement immédiat et à puiser dans les pratiques vernaculaires et historiques du pays. C’est à cette époque qu’il découvre les monolithes Akwanshi dans la cour du Musée national de Lagos, les terres cuites Nok ou encore, la peinture corporelle igbo, connue sous le nom de uli dont il assimile les motifs afin de les inclure dans son oeuvre. Si le bois était présent depuis ses premières années d'étude, c’est à l’occasion d’une résidence d’artistes qu’il réalise à Cummington, Massachusetts, États-Unis en 1980 que l’artiste intègre à sa pratique le maniement de la tronçonneuse à des fins artistiques. Sur des planches de bois qu’il juxtapose en fonction de la dimension qu’il souhaite donner à son œuvre, l’artiste trouve la forme idéale pour lui permettre d’explorer les possibilités expressives et graphiques de son “nouvel outil”. “Les lacérations obtenues sont pour lui une manière de parler de la violence épistémique, culturelle et politique exercée sur l'Afrique par les empires européens à l'époque de la colonisation”. A l’aide de fer chauffé à blanc, il réalise des lignes en tailles douces de couleurs sombre s’apparentant d’avantage au dessin qu’à de la sculpture. Rapidement,c’est à l’aide d’un chalumeau, qu’il noircit bientôt toute la surface du bois pour en souligner les contrastes. Les tableaux en reliefs qui en résultent rappellent la chaîne et la trame des étoffes tissées par les peuples Ewe dans lesquelles l’artiste puise son inspiration. Après cinquante ans de pratique continue et d’expérimentation à l’aide d’une variété de supports, El Anatsui reçoit le Lion d’or pour l’ensemble de sa carrière à la 56ème Biennale de Venise. L’octroi du Prix Praemium Imperiale pour la sculpture par la Japan Art Association suit rapidement en 2016. La même année, Anatsui reçoit un doctorat honorifique de l’université de Harvard (2016), de l’Université de Cape Town (2016), puis en 2017 de l’Université Kwame Nkrumah pour la Science et la Technologie. En 2019, son œuvre est à nouveau exposée à Venise, de manière magistrale, aux côtés d’autres artistes, au sein du premier pavillon de son pays d’origine, à la Biennale d’art contemporain de Venise. Plus récemment, en 2019, l’exposition El Anatsui, Triumphant Scale, curatée par Okwui Enwezor et Chika Okele-Agulu, est inaugurée à la Haus der Kunst de Munich. Cette exposition monographique d’envergure présente des sculptures monumentales réalisées en bouchons de bouteilles mais aussi des sculptures en bois et des reliefs muraux moins connus, datant du milieu des années 1980 à la fin des années 1990, des sculptures en céramique des années 1970, ainsi que des dessins, des gravures et des carnets de croquis. L’exposition itinérante a été également montrée au Kunstmuseum de Berne, au Mathaf de Doha ainsi qu’au musée Guggenheim de Bilbao., L’octroi du Prix Praemium Imperiale pour la sculpture par la Japan Art Association suit rapidement en 2016. La même année, Anatsui reçoit un doctorat honorifique de l’université de Harvard (2016), de l’Université de Cape Town (2016), puis en 2017 de l’Université Kwame Nkrumah pour la Science et la Technologie. En 2019, son œuvre est à nouveau exposée à Venise, de manière , Le doctorat honoris causa reçu par Jimmy Wales de l' Université de Maastricht (2015). Un diplôme honorifique est un diplôme universitaire pour lequel une université (ou un autre établissement décernant un diplôme) a renoncé à toutes les exigences habituelles, telles que l'inscription, la fréquentation, les crédits de cours, une thèse et la réussite d'examens de synthèse. Il est .